Grand mothers’ prayer, by Anna Lee @Annaofthemeadow

UNE AUTRE VERSION DES FAITS. Car je ne crois pas en l’ennemi unique et extérieur. Écrit à la sortie d’une manifestation.

Gilets jaunes. Un an. (Et pourvu que ça dure)
Une interprétation des faits que je me suis construite et à laquelle je me suis tenu jusqu’à présent :
Le gouvernement français, les institutions politiques en place éradiquent la démocratie s’il y en avait une. Ils sont totalement irresponsables face aux enjeux de notre époque (sociaux, écologiques, éthiques etc), ils insultent le peuple par leur mépris (des propositions démocratiques type RIC, de la misère sociale dans les hôpitaux, les écoles, les usines, etc.).
Les « forces de l’ordre », exécutif de ce gouvernement, ont basculé dans un totalitarisme terrifiant. Dans la barbarie. Dans l’impardonnable. Des citoyens éborgnés, mutilés… Combien de violence déployée dans la plus abominable impunité… et pour défendre quel ordre y mettent-ils autant de ferveur ? La rage du peuple est plus que légitime. Il faut rétablir une justice.

Mais j’ai une autre version qui sonne tout aussi juste dans mon cœur et j’ai envie de vous la partager, la voici :

Le peuple français n’est pas uniquement la victime de son gouvernement. Les « forces de l’ordre » ne sont pas seulement les violents tortionnaires de l’histoire. Macron n’est pas seulement l’immonde président banquier placé qui dilapide les acquis sociaux et dissout la cohésion nationale.

Le peuple français est aussi complice de son gouvernement, car il l’a élu. Même et surtout s’il a voté blanc ou s’il ne s’est même pas déplacé aux urnes. Le peuple est aussi le responsable de son individualisme, de son capitalisme matérialiste grandissant, de son abrutissement progressif, de sa perte.

Les forces de l’ordre sont aussi des victimes, ouvriers d’un métier peu glorieux ces temps, au bout du rouleau, ils sont pris en étau entre des donneurs d’ordre à l’abris et une foule déchaînée. Qui voudrait être à leur place ? Combien d’entre eux le font par défaut, dans l’impasse…?
Macron est aussi seulement un pion sur l’échiquier, un simple rouage dans un système très complexe d’intérêts qui le dépassent, dans un déli d’initiés qui se perpétue depuis des siècles, et qui OUI mérite d’être démasqué. Qui sait, il avait même peut-être d’authentiques nobles aspirations à donner à ce pays du mieux, à sa façon, au fond de lui. L’enfer n’est-il pas pavé de bonnes intentions ? Et le voilà haï par des millions de personnes. Et il doit vivre avec ça.

Je suis moi-même surpris d’être capable de cette compassion. C’est mon cœur qui me l’impose…au milieu de toute cette colère qui est aussi la mienne, cette insurrection, cette soif de justice véritable et du bien.

OUTRO: on cherche tous un ennemi unique à condamner, à combattre, à anéantir. Et on le cherche bien sûr à l’extérieur. Moi je crois qu’un de nos plus grands ennemis, c’est la facilité avec laquelle on se vautre dans la colère, la haine ou le mépris. Car possédé par ces forces on devient alors aveugle à ce qui est vraiment juste et ce qui est injuste. Et on commet le pire au nom du meilleur. Quel que soit son «camp ».
Je ne prétends pas avoir tout compris de l’histoire, je ne fais la leçon à personne, et je n’ai pas envie d’avoir de longs débats avec des passionnés de gauche ou de droite. L’essence de mon partage, c’est que j’ai vraiment de la peine pour nous tous. J’ai de la peine de voir un pays divisé, confus, pillé, gâché.
Tant de personnes plongées dans la haine et le désespoir, alors que je suis convaincu que nous avons tous tellement besoin d’amour et d’harmonie. Individuellement et collectivement. Et qu’en fait on ne se comprend simplement pas.
J’ai mal à ma France. Alors je fais la prière de compassion pour tous les français(es), et pour que la paix et la compréhension revienne dans cette grande tribu, après ce chaos certainement nécessaire.
« L’enfer est vide, tous les démons sont sur terre. » William Shakespear.

Illustration : Grand mothers’ prayer, by Anna Lee @Annaofthemeadow

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