Salut les yogi(ni)s. Aujourd’hui j’avais envie de vous partager un éveil routier !

Je suis là, comme tant d’autres, au milieu des bouchons, dans cette congestion des corps et des véhicules. Mes émotions congestionnent aussi. Ambiance « poussez-vous de là que je m’y mette » multiplié par 20 000 petits égos en ébullition sur une file à l’arrêt. Colle aux fesses, queues de poisson et coups de klaxons. La pression montait en moi, ça faisait un moment que je n’étais plus tout à fait dans l’amour inconditionnel de mon prochain, voyez… Mais au cœur de ce bourbier intérieur/extérieur a germé quelque chose…Le lotus dans la gadoue.


Je vais pas vous raconter d’histoire, je ne suis pas un bisounours ni une licorne, malgré la légende… D’ailleurs depuis que j’ai arrêté de fumer j’ai franchement augmenté mon potentiel d’explosivité..! Pour le contraste, je viens de passer deux ans de ma vie à Saint-Antoine L’Abbaye dans cette petite campagne idyllique et préservée, comme une carte postale, d’un autre temps. Calme et poésie champêtre, civisme rural. En tout cas sur la route, les gens sont tranquilles… Et lors de mes escapades mensuelles dans ma mégalopole lyonnais, je finissais par me dire: Ô mon Dieu…Ô mon Dieu quelle horreur la grande ville ! C’est l’enfer ! Qu’est-ce que ce fut salutaire pour moi d’en partir…Et en même temps…Ô mon dieu…que c’est beau tous ces gens qui vivent ensemble.

Sur la route c’est une drôle d’histoire… il y a l’anonymat, on ne se voit pas vraiment les uns les autres, on ne se considère pas, on est protégés et cachés par les carrosseries, et trop pressés d’aller quelque part… Alors les comportements c’est pas du joli… Et moi sensible comme je suis, je me sens véritablement agressé par l’ambiance générale entre automobilistes, et je deviens parfois moi-même (souvent !) agressif. Malgré tant d’années à pratiquer Yoga et méditation, au quotidien…

Mais ce soir ce motard, allez savoir pourquoi, peut-être avait-il quelque chose de doux dans sa silhouette. Ce ptit corps sur cette ptite moto….Une vulnérabilité. Une dignité aussi. Je l’ai imaginé, je l’ai deviné être un père, qui rentrait du travail pour aller nourrir sa famille. Comme un oiseau. Je me suis dit « cette conscience dans ce corps qui fait du mieux qu’il peut, en fait tout ça c’est de l’amour… « . Et ensuite j’ai regardé un peu plus vaste, j’ai vu toutes ces voitures, tous ces gens qui rentraient chez eux après une (probable) journée de travail, pour répondre à leurs besoins et s’accomplir, et je me suis dit comment on en arrive là ? Comment on en arrive à se comporter comme des monstrueux connards les uns avec les autres… ? Alors qu’en fait on est des boules d’amour…

La réponse que j’ai eu ce soir, dans ma voiture, je l’ai eue dans mon corps, et dans mon âme.
Oui, nos systèmes nerveux ont leurs limites. Vivre ces vies ainsi, pas facile. C’est vraiment un défi de garder le cœur ouvert, les pieds sur terre, le diaphragme souple, le souffle vaste et fluide (Ô que c’est beau….), la pensée tranquille, l’épée rangée dans son fourreau (même s’il faut la dégainer parfois, hein) dans ce monde, dans l’état actuel des choses (et des corps, et des âmes…). Dompter la bête sauvage en nous, celle qui veut déchiqueter l’autre, cet autre qui parce qu’on est juste usé, et qu’on a plus les yeux en face des trous, nous paraîtrait alors l’ultime rempart entre nous et la paix ???

Mais la vie mérite qu’on s’éveille. Qu’on s’éveille à elle, à sa beauté, à sa vulnérabilité aussi. Elle mérite bien ça. Et l’autre… L’autre mérite autre chose que notre colère, autre chose que nos coups de klaxon. Il mérite considération, respect. L’autre, il mérite même notre amour, non ?! Au moins notre compassion. Comme on mérite celle d’autrui.
Allez, n’oublions pas de nous regarder les uns les autres avec un eu plus de tendresse, ça nous fera du bien ! Bon courage à nous tous… Om mani padme hum* !
(*prière bouddhiste de compassion: « que chacun trouve la paix et soit libéré des racines de la souffrance« )

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